Cinéma

Mesrine

6 janvier 2010

Mesrine : L’instinct de Mort

1959, Jacques Mesrine rentre de la guerre d’Algérie. Son père lui trouve un travail qui ne lui convient pas. Il revoit son ami Paul, avec qui il joue au poker, fréquente les filles de joie… et qui lui présente Guido. C’est sous les ordres de ce dernier qu’il va commencer les cambriolages. A cette période il rencontre la mère de ses 3 enfants. Malgré quelques séjours en prison, il continue, en allant toujours plus loin dans le banditisme et la violence. Sa femme le quitte, le laissant seul avec ses enfants. C’est alors qu’il rencontre Jeanne Schneider, avec qui Mesrine va jouer les « Bonnie & Clyde ». D’évasions spectaculaires en cambriolages de plus en plus audacieux, de la France au Canada, en passant par les Etats-Unis, Jacques Mesrine se crée sa réputation d’Ennemi Public N°1.

Mesrine : L’Ennemi Public N°1

Jacques Mesrine est désormais l’ennemi public n°1. Roi de l’évasion, du déguisement, toutes les polices sont à ses trousses. Tout est bon pour faire parler de lui, braquages de banques, Une de Paris Match, enlèvement de milliardaire, passage à tabac de journaliste… Les policiers ne pensent plus qu’à une chose : le coincer quelqu’en soit l’issue.

Cécile de France et Vincent Cassel

Comme tout le monde j’avais entendu parler de Mesrine : « L’Ennemi Public N°1 », « L’Homme aux 1000 Visages »…, tué par la police en plein Paris. Mais on ne peut pas dire que j’en savais plus. Alors quand les films sont sortis, j’avoue que je ne m’y suis pas trop intéressée dans un premier temps. Et puis vu tout le battage médiatique autour des films et surtout de la performance de Vincent Cassel, j’ai changé mon fusil d’épaule. Et je n’ai pas été déçue.

Les deux films sont assez différents l’un de l’autre. L’Instinct de Mort est l’histoire d’un homme qui rentre brisé par l’Algérie et qui devient un malfrat, parce qu’il se cherche, qu’il ne trouve pas sa place. De fil en aiguille, cet homme va de plus en plus loin, dans la violence et dans le banditisme. L’Ennemi Public N°1 raconte l’histoire d’un homme qui sait cette fois où il va, dans quelles conditions et à quel prix. Un homme animé par une espèce de rage qui le mène à tous les excès, qui veut être son seul maître, qui n’a peur de rien ni de personne. Il est dépeint comme un être arrogant, violent, sûr de lui, impulsif mais à la limite pas très malin… mais excellent en marketing! Un peu comme ces cow-boys que la réputation précédait, il savait que son nom allait faire peur et allait lui ouvrir certaines portes. Jean-François Richet, le présente aussi comme un malfrat respecté de la police, par les gardiens de prison, presque comme un bandit d’honneur. En voyant le film, on ne sait que penser du personnage. Bien sûr, on le hait pour ce qu’il fait et ce qu’il est mais en même temps, il est humanisé par le scénario et sous certains points on pourrait presque le trouver… sympathique… Quant à sa mort, je dirais qu’elle est le reflet de sa vie. Il ne voulait pas de lois au-dessus de lui, rien de pouvait le tenir enfermé, c’était malheureusement l’issue fatale pour que la police puisse réussir à en découdre avec lui. Bien que ce soit contestable comme moyen, existait-il une autre façon de venir à bout de l’Ennemi Public N°1? Le réalisateur a tous cas tranché, en privilégiant dans son scénario la thèse de l’assassinat, ce qui j’avoue me paraît hautement probable. Si la police n’avait pas tiré en premier… il l’aurait sans doute fait.

Vincent Cassel interprète le rôle titre et EST Mesrine. Il l’interprète ce personnage d’une façon remarquable, on en oublie l’acteur tant sa performance prend le dessus. Par moment il est tout bonnement méconnaissable, comme devait l’être Mesrine lors de ses différentes cavales. Son César est amplement mérité, c’est un excellent acteur, il l’a prouvé dans de nombreux films et ici encore, il est véritablement époustouflant.

Le vrai Mesrine posant pour Paris Match

Jean-François Richet relève, avec ce diptyque, un pari assez osé. Deux films de plus de 2h chacun, il fallait pouvoir tenir les spectateurs en haleine jusqu’au bout. Et c’est réussi. On ne voit pas le temps passer (et j’en sais quelque chose j’ai regardé les 2 à la suite… :D), il oscille entre l’action et le drame psychologique, et ne met pas de temps mort dans son scénario. En passant d’un genre à l’autre, il permet au spectateur de jouer sur 2 tableaux, ne pas se reposer sur un genre et de ne pas se laisser envahir par des longueurs. Le choix de réaliser 2 films est judicieux, car un seul n’aurait pas suffit à démontrer toute la complexité de cet homme. Du coup, il dépeint un homme tantôt denué d’humanité, tantôt attachant, ce qui fait que le spectateur peut aisément prendre son propre parti au sujet de Mesrine. Un film sans complaisance, sans fin moralisatrice, qui raconte juste une histoire avec un personnage principal loin des stéréotypes du parfait héros. Ca change et ça fait du bien.

Mesrine : L’Instinct de Mort et Mesrine : L’Ennemi Public N°

Année de production : 2008

Pays de production : France, Canada, Italie

Réalisateur : Jean-François Richet

Acteurs : Vincent Cassel (Jacques Mesrine) – Gérard Depardieu (Guido) – Gilles Lellouche (Paul) – Cécile de France (Jeanne Schneider) – Roy Dupuis (Jean-Paul Mercier) – Ludivine Sagnier (Sylvia Jeanjacquot) – Mathieu Amalric (François Besse) – Gérard Lanvin (Charlie Bauer) – Samuel Le Bihan (Michel Ardouin) – Olivier Gourmet (Commissaire Broussard)

Pour finir cet article, voici la vidéo de Vincent Cassel recevant son César de Meilleur Acteur, pour son rôle de Jacques Mesrine, le 27 février 2009. Un très beau moment d’émotion.

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5 Comments

  • Reply zefulon 6 janvier 2010 at 23 h 09 min

    Un très bon article, dans le fond comme dans la forme… 😉

    Pour un excellent film……..

    Merci ma puce!

    • Reply lalydo 6 janvier 2010 at 23 h 15 min

      Marchiii beaucoup!!! Comme tu le sais, je suis longue à écrire mes articles… c’est pour qu’ils en soient meilleurs 😀 (ça fait un peu prétentieux ça… 😉 )

  • Reply Bouquetdebamboo 9 janvier 2010 at 14 h 59 min

    Non non ce n’est pas prétentieux. Tes articles sont toujours très complet et documentés. On voit que tu y passes du temps. J’admire !
    De très bons film ces Mesrine et un sacré boulot d’acteur pour Cassel.

    • Reply lalydo 9 janvier 2010 at 18 h 27 min

      Merci du compliment! J’essaie toujours de faire quelque chose de propre… et je ne peux m’empêcher de me documenter… une déformation qui vient des études littéraires sûrement!

  • Reply Public Enemies « Lalydo's Blog 26 janvier 2010 at 18 h 42 min

    […] à trouver le temps bien longuet sur 2h10 de film, c’est vous dire! Comparé aux 2 films sur Mesrine que je viens de voir (et qui dure 2 fois plus longtemps!), j’ai vraiment eu […]

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