Aujourd’hui, j’ai choisi de chroniquer deux BD pour le prix d’une, deux ouvrages autobiographiques de Miriam Katin qui évoquent un pan difficile de son histoire personnelle, la persécution juive durant la Seconde Guerre Mondiale.
Seules Contre Tous
Alors que son père est à la guerre, Lisa vit seule avec sa mère à Budapest. En 1944, pour éviter de se retrouver dans un ghetto juif, la mère et sa fille de 3 ans fuient à travers le pays. S’ensuivent des mois difficiles à échapper aux nazis et à la folie des russes…
Seules contre Tous est la première bande dessinée de Miriam Katin, qui travaille dans l’animation. A travers ce récit autobiographique, elle évoque un pan de son enfance marqué par les traumatismes de la guerre. La persécution, la fuite et la peur font partie du quotidien de cette enfant qui tente de se cacher avec sa mère.
L’auteure réalise avec cet ouvrage un formidable portrait de sa mère, courageuse et prête à tout pour sauver sa peau et celle de sa petite fille, tout en gardant toujours l’espoir de voir revenir son mari envoyé sur le front.
Le dessin, dont l’aspect griffonné pourrait en rebuter certains, apporte une véritable force au propos. Dans ce trait, on ressent toute la violence vécues par les deux femmes, toute la dureté de la vie qu’elles ont enduré à cette époque, et les parties en couleurs qui évoquent le présent apportent la douceur nécessaire dans ce bouillonnement perpétuel.
Outre l’aspect historique qui évoque une part sombre de la Hongrie, Miriam Katin apporte une véritable réflexion sur la foi. Élevée dans la religion par une mère extrêmement pratiquante, elle donne à son regard de petite fille un avis très critique sur ce Dieu qui n’a su les protéger des pires horreurs et qui marque encore son présent.
Seules contre Tous est un petit bijou graphique et un magnifique témoignage, très intimiste et pourtant universel.
Lâcher Prise
A New-York, Miriam apprend à 70 ans que son fils veut s’installer à Berlin, pays des nazis qui ont persécuté son peuple et contraint sa famille à l’exil. Pour ce faire il faudrait que Miriam, d’origine hongroise, permette à son fils d’avoir cette même nationalité, pour que son rêve se réalise. Pour cette mère qui a vécu l’horreur, c’est impensable…
Lâcher Prise est en quelque sorte la suite du précédent ouvrage.
Miriam a 70 ans et vit à New-York en compagnie de son mari, musicien. Lorsque son fil Ilan, lui annonce son intention d’emménager à Berlin et de prendre, grâce à elle, la nationalité hongroise, c’est tout son passé qui lui revient de manière fulgurante. Car si 70 ans plus tard, la Seconde Guerre Mondiale semble loin, les rancœurs et les traumatismes d’une vie persécutée sont toujours bien présents.
Si Seules contre Tous était un témoignage poignant et sobre, Lâcher Prise se veut beaucoup plus léger et empreint de beaucoup d’humour. Miriam Katin, évoque ses réticences, sa haine de ces pays qui l’ont fait souffrir, avec énormément de recul et de second degré envers elle-même.
En écrivant cet album, elle donne l’impression que mettre ses doutes en dessins lui apportent les réponses et le lecteur la suit dans sa réflexion avec grand plaisir. Elle se confronte à ses craintes, à ses préjugés et se libère enfin d’un poids, plus de 60 ans après la fin du conflit.
Si son trait est moins torturé que dans sa précédente BD, il n’en reste pas moins expressif et vif comme son personnage.
Lâcher Prise est une suite, différente mais tout aussi aboutie, à une réflexion abordé avec le premier ouvrage. Lire les 2 permet de boucler la boucle et d’en saisir tout le chemin parcouru!
10 Comments
ça fait longtemps que je n’ai pas lu de BD je suis très difficile, j’accroche assez rarement hormis quelques auteurs
Je marche beaucoup aux coups de coeur et je le regrette rarement!
Je pense que ces deux BD me plairaient beaucoup.. mais je t’avoue que depuis mon voyage en Pologne, la lecture de Maus puis des BD de Tardi, j’ai un peu freiné mes lectures sur ces sujets…j’ai besoin d’une pause plus légère je crois 😉
Alors fais l’impasse sur le premier, le second est plus léger et devrait mieux te convenir!
Des sujets difficiles… La seconde BD m’attire plus, je crois que j’aurai plus de mal avec la première ! Bises 😉
J’ai oublié de préciser dans mon billet que l’une fonctionne très bien sans l’autre! Tu peux donc lire la seconde sans te poser de questions 🙂
Bises
pourtant le 2ème m’aurait plu davantage ^^
Tu peux lire le deuxième sans le premier sans problème, l’histoire fonctionne aussi très bien toute seule!
2 histoires qui devraient me plaire!
J’ai hâte de découvrir ton avis si jamais tu les lis!