Gueule d’Amour d’Aurélien Ducoudray et Delphine Priet-Mahéo
A la fin de la Première Guerre Mondiale, de nombreux hommes mutilés au visage par des éclats d’obus ou des tirs doivent rentrer chez eux et tenter de reprendre une vie avec ce nouvel aspect…
Bande dessinée découverte l’an dernier lors de l’exposition BD et Histoire « L’arrière » aux Archives Départementales d’Ille-et-Vilaine, Gueule d’Amour traite d’un sujet assez méconnu et pourtant emblématique de la Grande Guerre, les Gueules Cassées. Sur plus de 4 millions de blessés de retour du conflit, ces hommes étaient entre 10 et 15000.
A travers une histoire assez banale, on découvre dans ce livre la difficulté pour ces hommes de retrouver leur place dans la société mais aussi et avant tout dans leur propre famille.
Dans son scénario, Aurélien Ducoudray exprime bien toute la complexité de la réinsertion de ces soldats qui doivent avant tout passer par une acceptation de soi. Bêtes de foire, objets de dégoût, ces mutilés ont du faire face à une société loin d’être prête à les accueillir. Et le dessin de Delphine Priet-Mahéo retranscrit bien, dans le fait vif et crayonné, l’état d’esprit assez flou et dérouté dans lequel devaient se retrouver ces soldats.
Au travers du personnage de cette BD, on découvre un autre aspect de ce retour à la vie. Une envie de ne pas se conformer aux attentes d’un gouvernement victorieux et de ne pas incarner en héros, une guerre subie aussi bien sur le plan psychologique que physique. Cet homme cherche alors à exister coûte que coûte à travers des actes pas toujours empreints de gloire.
Cet ouvrage de fiction apporte une histoire bien documentée sur ce sujet. En postface, on trouve d’ailleurs quelques pages très intéressantes pour comprendre le parcours de ces soldats au sortir de la guerre, qui apportent un complètement fort utile au récit.
Gueule d’Amour est une histoire poignante et sans concession sur la vie de ces « faces mutilées » qui avaient tout à réapprendre dans une société bouleversée et meurtrie. Un formidable témoignage.
8 Comments
Cette BD me fait penser au roman de Pierre Lemaître, « Au revoir, là-haut »… Tu l’as lu? Il te plairait beaucoup je pense!
J’ai très envie de le lire mais j’avoue que j’attendais la sortie poche. Maintenant que c’est sorti, je crois que je vais me ruer dessus prochainement!
Bisous
Je note, comme d’hab 😉 merci !
Elle devrait te plaire, les dessins sont vraiment exceptionnels.
Bises
Ca a l’air chouette ! Bisous.
Une très belle BD en effet. ET puis ce thème est rarement évoqué, il est bon de le mettre en avant.
Bises
j’ai vu un film sur ce sujet : pas moyen de me rappeler du nom ^^
La chambre des Officiers peut être?