Lecture

Le Liseur

10 décembre 2009

Le liseur de Bernhard Schlink

Les Années 1950. Michaël a 15 ans lorqu’il rencontre Hanna, 35 ans. Ils deviennent amants. Au fil de leurs rencontres clandestines, Michaël fait la lecture à sa maitresse. Imprévisible et mystérieuse, celle-ci disparait brusquement un beau jour d’été, laissant le jeune amant en proie à de multiples questions. Ce n’est que 7 ans plus tard, alors que Michaël assiste à un procès dans le cadre de ses études de droits, qu’il la revoit, assise sur le banc des accusés avec 4 autres femmes. Elles sont soupçonnées d’avoir été gardiennes dans des camps de concentration et d’avoir causé la mort de centaines de femmes. Hanna se défend très mal face au juge et est condamnée à la prison à perpétuité. Il est révélé pendant le procès, qu’Hanna se faisait faire la lecture par les prisonnières et c’est alors que Michaël découvre son lourd secret. Jusqu’à sa mort, l’ancien amant continuera de faire la lecture à celle qu’il a jadis aimé.

Cette année, volontairement ou non, je suis dans ma période Holocauste. Après avoir lu Le Rapport de Brodeck, relu Si c’est un Homme et vu Apocalypse, me voici donc avec Le Liseur. Il est vrai que c’est une période qui m’a toujours fortement intéressé, mais là je bats des records!!! Ce livre ne traite pas directement des camps de concentration, puisque l’action se déroule après la guerre et évoque un des nombreux procès qui suivirent.

Sur fond de procès nazi, l’auteur nous raconte l’histoire d’amour entre un jeune homme et une femme plus âgée. Alors que Michaël se lance corps et âme dans cette première relation amoureuse, Hanna reste évasive quant à sa vie passée, ne se confie jamais à lui et surtout reste imprévisible dans ses réactions. Lorsqu’elle le quitte sans un mot, Michaël reste profondément marqué par cette relation et surtout par cette rupture. Alors qu’il est passé à autre chose depuis des années, le destin met de nouveau Hanna sur sa route. C’est alors qu’il découvre qu’elle était gardienne dans les camps de concentration et qu’elle se faisait faire la lecture par les prisonnières. Il comprend alors son secret. A chacune des ses révélations importantes, Michaël arrive à mieux comprendre et à apporter des réponses aux questions laissées en suspens depuis le départ d’Hanna.

Ce livre soulève des questions importantes sur la culpabilité, le droit, la honte, le secret, le poids du passé, la responsablilité personnelle… mais n’apporte pas de réponses. A chacun, comme Michaël de se poser ces questions et d’y apporter ses propres réponses. On découvre les choses en même temps que le narrateur, on se pose les mêmes questions, on est confronté aux mêmes dilemmes. Je trouve très intelligent de la part de l’auteur de ne pas donner de réponses toutes faites, car il n’en existe pas. Chacun peut penser ce qu’il veut, prendre le parti ou non d’Hanna. C’est ce qui fait la force du roman : chacun avec son vécu, ses idées et son ressenti comprendra et verra dans ce livre ce qu’il a envie d’y voir. Mais il pose une question essentielle sur le jugement que l’on fait d’autrui. Michaël n’est pas trop dur avec Hanna malgré son passé nazi. Il voit en elle la femme qu’il a aimé quelques années auparavant. Et nous dans la même situation, que ferions nous? Jugerions- nous cette personne sans appel? Nous fierions-nous à ce que nous connaissons d’elle en laissant de côté le passé? Comprendrions-nous cette personne? Pour ma part, je pense que tant que l’on a pas été dans cette situation précise, nous ne pouvons pas savoir ce que nous aurions fait à cette place là. C’est pour cela que pour terminer mon article je vous mets en extrait la chanson de Frédéricks, Goldman,  Jones, Né en 17 à Lidenstadt, qui pour ma part résume bien ce que j’ai ressenti en lisant ce livre :

Et si j’étais né en 17 à Leidenstadt
Sur les ruines d’un champ de bataille
Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens
Si j’avais été allemand ?

Bercé d’humiliation, de haine et d’ignorance
Nourri de rêves de revanche
Aurais-je été de ces improbables consciences
Larmes au milieu d’un torrent

You Might Also Like

3 Comments

  • Reply La Vague « Lalydo's Blog 11 février 2010 at 8 h 13 min

    […] quelques mois, je n’arrête pas : Apocalypse, Le Rapport de Brodeck, Si c’est un Homme, Le Liseur, La part de l’Autre, La Vague… et ce n’est pas fini : j’ai d’autres […]

  • Reply Ophélie 6 mars 2010 at 10 h 20 min

    J’ai beaucoup beaucoup aimé ce livre également !
    On ne peut pas le refermer sans se poser toutes ces questions que tu résumes si bien !
    bizzz

    • Reply lalydo 8 mars 2010 at 11 h 33 min

      C’est vrai que c’est un livre excellent… je ne sais pas ce que vaut le film mais comme toujours lorsqu’on a aimé un livre, j’ai peur d’être déçue!

    Leave a Reply

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.