HHhH

A peine sortie du Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2012, je me suis plongée dans le roman vainqueur de l’an passé, également élu prix Goncourt du Premier Roman.

HHhH de Laurent Binet 

En 1942 à Prague, 2 parachutistes, tchèque et slovaque, sont envoyés de Londres par le gouvernement tchèque en exil afin d’assassiner Reinhard Heydrich, le SS responsable de la Solution Finale. Laurent Binet, l’auteur, nous fait revivre cette page d’histoire.

Quand on participe à cette grande aventure qu’est un Prix de Lecteurs, on a forcément envie de connaître les gagnants des années précédentes… enfin, moi en tous cas!

J’ai été très surprise par ce premier roman de Laurent Binet. Surprise, car je m’attendais, comme pour les nombreux livres qui relatent des faits réels, à un récit très documenté qui relate l’Histoire, sans plus de fioriture. Et pour être documenté, il l’est et même très bien. Mais toute l’originalité du roman vient de la mise en parallèle des questionnements de l’écrivain sur son histoire et sa place dans ce récit. Car, en relatant un fait historique passé, on peut être tenté de romancer sur ce qu’il s’est hypothétiquement passé dans la tête de tel ou tel protagoniste, ce qu’ils ont pu dire à l’abri des témoins…

Au fur et à mesure de ses documentations, ou même de ses déplacements à Prague, Laurent Binet, cherche à rester le plus fidèle possible aux faits. Mais cette histoire, qui devient obsessionnelle pour lui, tend parfois à lui faire extrapoler certaines choses et son questionnement devient très légitime. Sa réflexion est d’autant plus intéressante qu’elle nous interpelle et peut se transposer pour grand nombre d’écrits sur le passé.

Parallèlement à cela, le récit de l’attentat contre Reinhard Heydrich, l‘Opération Anthropoid menée par Jozef Gabčík et Jan Kubiš, est très intéressant. Je ne connaissais pas cette page de l’histoire nazie et l’implication de l’auteur, rend ce roman tout bonnement passionnant. Le titre prend tout son sens lorsque l’on découvre cet homme. En effet, HHhH signifie en allemand « Himmlers Hirn heißt Heydrich » (le Cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich).  Pas besoin d’en dire beaucoup plus pour cerner le personnage…

Le livre est divisé en 2 parties. La première sur la mise en place de l’attentat, et les doutes et questionnements de l’auteur, m’a paru parfois un peu longuette. La seconde, sur l’attentat et les suites, a le talent d’un excellent thriller et m’ont tenu en haleine jusqu’à la dernière page, même si l’issue est connue dès le départ.

Aurais-je voté pour ce livre si j’avais été jurée l’an passé? Une chose est sûre c’est que, bien qu’au début j’aurais dit non tant le concept même de ce livre m’a interloquée et même dérangée, les doutes de l’auteur, la richesse de son écriture et l’histoire en elle-même m’ont finalement happée et passionnée. Un ouvrage parfaitement documenté, amenant un juste réflexion sur la place de l’auteur entre fiction et réalité… un grand roman qui mérite d’être lu!