Art

Interview De Nicolas Malfin, Auteur De Bandes Dessinées

10 juillet 2013

Nicolas Malfin auteur de bande dessinée, rencontré lors du salon Lir’A Dol, est né en 1971 à Dreux. Dessinateur sur la série Golden City, scénariste et dessinateur de Cézembre la bande dessinée qui relate l’histoire de 2 jeunes amants lors de la libération de Saint-Malo, il m’a reçu dans son atelier pour répondre à mes questions.

nicolas-malfin

 

Bien que tu aies commencé à dessiner tôt, dès 6 ans, tu es parti sur une autre voie lors de tes études. Qu’est-ce qui t’a ramené vers le dessin et notamment la bande dessinée ?

J’ai toujours beaucoup dessiné pour moi, enfant, mais dans les années 80/90, la bande dessinée n’était pas un métier d’avenir. Mes parents préféraient que je m’assure une future carrière en faisant des études. Nous avions passé une sorte de « contrat » : si j’obtenais Bac +5, je pouvais faire ce que je voulais. Pendant ma dernière année de DEA, je me suis lancé dans un projet de BD à présenter à un éditeur, Delcourt, dans un univers futuriste et aquatique  et c’est ainsi qu’est né Valentine.

Je suis arrivé au bon moment, à la fin des années 90 quand les ventes des BD se sont mises à exploser. Mon projet n’a pas été retenu chez Delcourt, mais mon dessin et ma façon de retranscrire la « ferraille » (c’est-à-dire les armes, les engins de guerre…) leur a énormément plu. C’est ainsi que l’on m’a proposé de faire des essais pour Golden City. J’ai proposé une centaine de dessins et en quelques mois j’ai signé un contrat et je me suis retrouvé sur la série. C’était en 1997.

 

Dessinateur sur toute la série Golden City, qu’est-ce qui t’a poussé à franchir le cap de l’écriture du scénario avec Cézembre ?

J’ai commencé à dessiner à 6 ans mais c’est dès 10 ans que mon envie de raconter des histoires s’est manifestée. En grand fan des Tuniques Bleues et de la guerre en général, j’ai créé ma première BD sur le Vietnam : Les Casques Verts. Cette BD a beaucoup évoluée au fil des ans (commencée à 11 ans, je l’ai terminé à 19), entre les films que j’ai pu voir ou mes lectures, ou encore sous les influences des dessinateurs que j’apprécie.

J’en suis venu à écrire un scénario pour revenir à mes premiers amours et également parce que cela me manquait d’être maître de toute l’histoire, des personnages et de leur psychologie.

Et puis avec Golden City, il y a une sorte de « routine » qui s’est installée. Ecrire un scénario, c’est faire des recherches, lire, se documenter, recouper des informations… ça ravive la passion !

planche-cezembre-nicolas-malfin3

 

Comment te vient l’inspiration ?

Je suis très visuel, j’emmagasine énormément d’informations aussi bien dans les détails de la vie de tous les jours que dans les médias. Les choses, les formes que l’on voit, on s’en sert pour créer, faire des associations d’idées. Il n’y a pas vraiment de création « nouvelle » mais ce sont juste des amalgames de choses vues avant et associées ensemble.

Pour l’écriture de Cézembre, j’ai beaucoup lu de témoignages sur la bataille Saint-Malo, ce qui m’a permis de trouver des idées pour mettre en valeur mes personnages. Car il faut faire attention que le personnage vive l’histoire et ne la raconte pas. C’est un vrai défi.

 

Qui sont tes « mentors » et pourquoi ?

J’ai beaucoup appris avec Olivier Vatine lors du premier Golden City. Autodidacte et bien que j’avais tapé dans l’œil des éditeurs, j’avais encore beaucoup apprendre sur la mise en scène, les cadrages et même le dessin. Ce premier album fut un apprentissage aux côtés de quelqu’un de talent.

Et plus indirectement, ce sont les BD et les auteurs de mon enfance, comme Lambil (Les Tuniques Bleues), Hergé, Jean-Michel Charlier et Jean Giraud (Blueberry) qui m’ont inspiré avec leurs récits d’aventures, passionnants et dynamiques et pour la précision de leurs dessins. Plus récemment, ce sont Mike Mignola (Hellboy), Adam Hughes, un auteur de comics ou encore Jordi Bernet (Torpedo) qui m’inspirent et stimulent ma création.

 

Comment t’est venue l’idée de Cézembre ?

Enfant, je passais régulièrement mes vacances à Saint-Malo. Puis en 2007, avant de passer 1 an à Québec, j’y suis revenu avec Elodie, ma compagne, pour quelques jours de vacances. Lors d’une croisière, le guide nous a régalé de beaucoup d’anecdotes sur la région dont une sur l’île de Cézembre, située au large de la ville corsaire. Sur l’île se trouve un oratoire, avec une statue de saint, vers laquelle se tournaient les jeunes filles en recherche d’un mari. Et Saint-Malo a été entièrement détruit à la libération… ces 2 idées se sont couplées et l’idée est venue.

L’histoire s’est écrite durant mon année passée à Québec. La ville ayant des liens étroits avec Saint-Malo, j’ai trouvé beaucoup de documentation sur la ville, la guerre et la libération. J’ai travaillé le synopsis, les personnages et leur psychologie, j’ai fait des essais de dessin et j’ai proposé mon projet aux éditions Aire Libre en 2008.

Je suis tombé sur un interlocuteur qui voulait depuis longtemps faire une BD sur la résistance bretonne, José-Louis Bocquet. Il m’a beaucoup soutenu et même poussé sur certains sujets, sur lesquels j’étais un peu frileux, comme les autonomistes bretons (espions instruits par les SS), car le sujet est délicat. Il m’a permis de parler d’une part importante de l’histoire bretonne.

cezembre

 

Tu travailles avec Elodie Boivin, ta compagne, sur ce projet. Travailler en couple sur ce projet est un vrai défi ou au contraire un réel confort ?

Un réel confort ! C’est mon premier album entièrement géré à la maison. C’est plus pratique, plus rapide pour toutes les questions à régler, les corrections à apporter. Tout est vu tout de suite.

On est très efficaces !

planche-cezembre-nicolas-malfin1

planche-cezembre-nicolas-malfin2.jpg

Que lis-tu en Bande dessinée ? Quels sont tes derniers coups de cœur ?

Je suis très classique. Je lis Largo Winch, XIII,  Silas Corey, la série Les Quatre de Baker Street… très peu de comics, je suis plutôt BD franco-belge.

 

Quels sont tes projets et les prochaines manifestations où l’on pourra te retrouver?

Actuellement, je suis en plein bouclage du 10° tome de Golden City qui sortira en décembre. Un Art Book est en préparation qui sera un recueil de dessins de Golden City et Cézembre, ainsi que des illustrations que j’ai réalisé pour des publicités et des jeux de rôles.

Je serais présent pour 2 séances de dédicaces au Salon du Livre Militaire à Coëtquidan à l’école des officiers de Saint-Cyr les 19 et 20 juillet, ainsi qu’à la librairie Ondine, le 3 août, à Dinard

planche-golden-city-nicolas-malfin

 

Actuellement, une exposition sur Cézembre a lieu aux Archives Départementales d’Ille et Vilaine, ainsi qu’au sémaphore de la Ponte du Grouin. Comment est né ce projet ?

C’est une exposition qui est née lors de la dernière édition de Quai des Bulles (en octobre dernier) sur une idée des organisateurs et des éditions Dupuis. L’expo a d’abord eu lieu à la Maison du Québec à Saint-Malo, avec l’aide des Archives Départementalesqui ont apporté des documents et rédigé des posters sur l’histoire de la bataille de Saint-Malo.
Les Archives développent chaque année un projet en lien avec la BD, c’est ainsi que cette exposition s’est retrouvée dans leurs locaux, étoffée de nombreux documents originaux et d’objets d’époque, comme des armes, des uniformes, des obus…

Cette expo est itinérante et s’est déplacée jusqu’au sémaphore de la Pointe du Grouin dès début juillet, avant de continuer son voyage dans les écoles et les bibliothèques. C’est devenu un vrai projet éducatif.

Je serais d’ailleurs présent les 15 juillet et 21 août au sémaphore de la Pointe du Grouin.

exposition-cezembre

 

Je suis impatiente de lire la suite de Cézembre : quand sortira-t’elle ?

Après le bouclage de Golden City, je vais débuter les dessins en septembre. Comme j’ai choisi un gros format, 70 pages au lieu des traditionnels 46, cela va me prendre beaucoup de temps. Je pense finir ce second tome pour fin 2014 ou début 2015. C’est aussi l’éditeur qui décide du bon moment de la sortie d’une bande dessinée.

Et je prépare déjà l’après Cézembre, avec un récit historique et je pense que mon projet Valentine verra sûrement le jour également…

 

 

Un grand MERCI à Nicolas Malfin pour cette interview et pour le temps qu’il m’accordé afin de pouvoir se rencontrer et partager autour de beau métier passionnant, ce fut une très belle rencontre!

En attendant que je vous parle de Cézembre, vous pouvez retrouver ses actualités sur son blog nicolasmalfin.blogspot.fr et je vous rappelle que l’exposition Cézembre se tiendra jusqu’au 31 juillet aux Archives départementales d’Ille-et-Vilaine (Cliquez sur ce lien pour toute information) et du 02 juillet au 25 aout au Sémaphore de la Pointe du Grouin, à Cancale.

 

 

Rendez-vous sur Hellocoton !

 

You Might Also Like

19 Comments

  • Reply Jeannette 10 juillet 2013 at 10 h 13 min

    superbe interview… digne d’une journaliste. merci.

    • Reply lalydo 11 juillet 2013 at 23 h 24 min

      Rôôôô, merci à toi!!!

  • Reply Isa tout simplement ... 10 juillet 2013 at 10 h 37 min

    Je ne connaissais pas ce dessinateur et les extraits que tu en montres ont l’air bien sympathiques …
    Merci pour la découverte 😉

    • Reply lalydo 11 juillet 2013 at 23 h 25 min

      Il y a une précision saisissante dans ses dessins qui les rend passionnants. Ajoute à cela un scénario très bien ficelé et tu es accro! 😉
      Merci à toi!

  • Reply Céline 10 juillet 2013 at 13 h 35 min

    Une très belle interview et une vraie découverte, je ne connaissais pas du tout cet auteur!C’est très intéressant de voir la manière dont il travaille et de visiter son atelier, chanceuse 😉 Merci!

    • Reply lalydo 11 juillet 2013 at 23 h 26 min

      J’avoue, j’avoue, je suis chanceuse… et j’ai eu la primeur de voir quelques planches du tome 10 de Golden City, c’est drôlement chouette! 😉

  • Reply Une Porte Sur Deux Continents 10 juillet 2013 at 18 h 07 min

    Je trouve ça génial de travailler en couple sur de tels projets. Merci pour cette belle interview qui nous fait encore une fois pénétrer dans le monde des BD ! Bises

    • Reply lalydo 11 juillet 2013 at 23 h 29 min

      C’est vrai que lorsque l’on partage une telle passion, le travail en couple doit être motivant!
      Merci à toi d’avoir suivi cette interview qui, j’espère, t’aura donné envie de découvrir son travail!
      Bises

  • Reply Arwen 10 juillet 2013 at 20 h 04 min

    je dis tout comme Jeannette : une vraie pro (comme je te l’ai déjà dit sans doute)!

    • Reply lalydo 11 juillet 2013 at 23 h 31 min

      Vous êtes trop gentilles avec moi les filles! Merciii!

  • Reply Roodkapje 10 juillet 2013 at 21 h 04 min

    cela doit être intimidant d’interviewer qqn !

    • Reply lalydo 11 juillet 2013 at 23 h 32 min

      Oui et non. Quand je pose les questions, je me sens assez mal à l’aise car ce n’est pas mon métier, j’ai l’impression d’être très curieuse mais finalement, comme cela se passe sous forme d’échange, de discussion, je me détends et profite de tout ce que j’apprends et ça, c’est génial 🙂

  • Reply Armelle 11 juillet 2013 at 8 h 44 min

    Je connaissais Cézembre sans avoir jamais prêté attention à son géniteur ! Belle interview qui nous donne à découvrir cet auteur de BD ! Je sens que j’étais raté quelque chose alors que j’étais de passage dans la région… trop court, trop court.. Bises

    • Reply lalydo 11 juillet 2013 at 23 h 34 min

      Je t’invite à suivre son parcours, il est très intéressant!
      Quant à ton passage chez nous, oui il était définitivement trop court ma pauvre…
      Bises et bon courage!

  • Reply Tartangirl 11 juillet 2013 at 20 h 08 min

    Vraiment très intéressant. Merci

    • Reply lalydo 11 juillet 2013 at 23 h 35 min

      C’est gentil à toi, merci!

  • Reply My Little Discoveries 11 juillet 2013 at 22 h 40 min

    Il ne te reste plus qu’à aller découvrir l’île de Cézembre maintenant! 😉

    • Reply lalydo 11 juillet 2013 at 23 h 35 min

      Sans problème, c’est au programme (je vire les touristes et j’y vais!!! :p)!!!

  • Reply Cézembre, La Libération De Saint-Malo En Bande-Dessinée | Lalydo's Blog 31 juillet 2013 at 6 h 01 min

    […] est temps que je vous parle de la bande-dessinée de Nicolas Malfin, que j’ai rencontré et interviewé, […]

  • Leave a Reply

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.