Amerika de Rabee Jaber
En 1913 Marta Haddad, une jeune syrienne de 19 ans, arrive à New-York afin de retrouver son mari Khalil, venu travailler aux Etats-Unis juste après leur mariage. Entre une traversée difficile, la mise en quarantaine à Ellis Island et Khalil, qui se fait appeler Joe, qui est introuvable, Marta n’est pas au bout de ses surprises en arrivant sur le nouveau continent…
Ce qui m’a tout de suite attirée dans Amerika de Rabee Jaber, c’est le sujet. J’aime beaucoup ces romans qui content des destinées, des vies de personnages qui font face à l’adversité et mènent leur barque contre vents et marées. Et avec Marta, je n’ai pas été déçue.
On découvre dans ce portrait de femme, une figure forte, un courage à toutes épreuves, qui se relève dans toutes situations. Malgré qu’elle soit seule dans un pays étranger, elle saura relever tous les défis et se bâtir une vie hors du commun, tout en restant fidèle à elle-même.
Parallèlement à cela, c’est toute l’histoire américaine du XX° siècle qui se joue et Marta, n’est pas épargnée par ces événements. L’immigration, les première et seconde guerres mondiales, la crise de 1929, les guerres de Corée et du Vietnam… toute la grande Histoire se mêle à celle, plus de modeste, de l’héroïne. On y apprend énormément de choses, notamment sur la vie des kachâch (métier de vendeurs itinérants exercés par les syriens à leur arrivée aux Etats-Unis) et on est littéralement plongé au coeur de la vie des américains de ce premier quart du XX° siècle.
Néanmoins, j’ai trouvé que l’auteur est passé trop rapidement sur certains détails de sa vie, surtout sur le dernier tiers du livre. Alors que je m’étais habituée à suivre, presqu’en détail, la vie de Marta, brusquement certains événements sont bien plus survolés. Comme si, une fois maîtresse de sa destinée, le reste coulait de source et ne nécessitait plus autant d’importance…
Mais ce qui m’a le plus gêné, ce sont les interventions de l’auteur dans le récit. Alors que dès le début du roman, il est précisé que ce sont des personnages fictifs et qu’il utilise une narration omnisciente, Rabee Jaber ponctue régulièrement son récit de « Je me demande à quoi elle pensait » ou de « Que fit-elle? Je n’en sais rien » (par exemple)… qui m’ont totalement perturbée. Ce mélange de style narratif et les prises de paroles de l’auteur çà et là, m’ont semblé sans queue ni tête et surtout m’ont fait me demander à chaque fois qui était ce narrateur vis-à-vis de Marta. Ce manque de transparence et de précision, m’ont fortement dérangé et surtout n’ont rien apporté de plus au récit.
Malgré cela, j’ai aimé découvrir Marta, femme moderne du début du XX° siècle, au formidable destin. Comme ses petits-enfants, on lui demanderait bien de nous conter encore les histoires de sa vie afin de prolonger ce voyage dans le temps…
J’ai reçu ce livre dans le cadre de la Masse Critique organisée par Babelio, que je remercie chaleureusement pour cette lecture, ainsi que les Editions Gallimard!
16 Comments
Avant, j’aimais bien lire ce genre de récit. Un peu moins maintenant, et je manque un peu de temps, ma PAL étant particulièrement monstrueuse… mais j’y jetterai sans doute un oeil…
Ah cette PAL monstrueuse, je connais bien ce problème, mais je n’ai toujours pas trouvé de solution… 😉
Merci de votre passage!
J’ai acheté quelques nouveaux livres chez Gibert ce week end, j’ai hâte de vibrer ac un roman, c’est très rare. Celui là pourrait me plaire mais j’aurais la même r »action face aux interventions de l’auteur …
Cela devient difficile de vraiment vibrer avec un roman je trouve.
Ce roman est vraiment bien à part ces interventions, mais ça m’a gâché une peu le plaisir…
Moi aussi je suis attirée par ce type d’histoires, surtout celle-là, reflet du rêve américain. Je retiens le titre, merci ! Bises 🙂
J’aime ces destinées dans lesquelles on rêve tout autant que les personnages!
Bises
tu sais que la lecture et moi….Sur le feu, j’ai quand même « la liste de mes envies » mais il est tout petit!
J’espère que tu aimeras La Liste de Mes Envies autant que moi, c’est une très belle histoire!
Bonne lecture!
Le sujet m’aurait attirée… mais là je suis moins sûre, du coup! Bisous
Peut être que cela ne te gênerait pas ces interventions… j’ai lu beaucoup d’avis positifs à ce sujet d’ailleurs.
A voir, donc 😉
Bisous
J’aime ce genre d’histoire qui mêle vie de personnages et histoire. En ce moment, je lis les Enfants de la Terre de Jean Auel qui me plonge dans la Préhistoire, passionnant !
Tout comme moi! On en apprend beaucoup sur l’Histoire à travers les parcours des personnages, j’aime beaucoup mêler plaisir et culture 😉
Je ne serais pas spontanément allé lire ce livre, mais ton avis me le fait découvrir et le sujet me touche. je note le titre, en espérant qu’il ne se perde pas dans le tréfond de mes liste….
Je connais bien ça, ces listes interminables dont on ne lit pas le quart de la moitié…
L’histoire me fait un peu penser à « Brooklyn », mais en effet le procédé narratif a l’air bizarre… Merci de nous mettre en garde, bisous!
Cela m’a vraiment gêné dans mon « positionnement » de lectrice. Mais certaines personnes ont adoré ce procédé, comme quoi… 😉